Eh, oui !!! Le temps passe vite lorsqu’on voyage… Entre
les trajets, les montages et démontages du théâtre, les rencontres, les petits
pépins à résoudre, je trouve difficilement le temps de mettre à jour notre
site.
Donc voilà, je m’étais arrêtée sur les hauteurs de Montségur
en Ariège, ma plume suspendue en altitude. Depuis notre convoi est redescendu dans la plaine pour rejoindre le
bar à Blabla entre Toulouse et Castelnaudary, c’était il y a déjà un mois. Nous
y avons joué deux représentations. Elles ont été chaleureusement applaudies,
même si, malheureusement les spectateurs n’étaient qu’au nombre de 25. Défaut
de communication ? Ralentissement des activités de l’association depuis un
an ? Problèmes d’organisation au sein de l’équipe ? Nous ne saurons pas…
Nous repartirons donc avec des sentiments mélangés : Déception et
découragement d’avoir eu si peu de public et
joie d’avoir tout de même fait de belles rencontres (Claire et Blaise,
Mathilde) le temps des repas partagés ensemble, nous avons aussi revu notre ami
« Bouclette » passé par là pour l’occasion… Et puis déjà il faut se
dire au-revoir et en route vers « Revel » au pied de la montagne
noire, nous y resterons une dizaine de jour chez nos amis Mathieu et Marie-
Aude, couple de circassiens rencontré à Spirale. Nous adoptons un petit chaton
nommé « Charlotte » et rencontré au hasard sur la place du marché de
Revel. Nous passerons là quelques
moments de calmes avant de prester notre contrat à Cap mômes dans l’Aveyron…
« Cap mômes » à Salmiech, que du Bonheur !!!
Nous sommes accueillis chaleureusement par Régis et Cédric, le lieu est
magnifique et au calme, la piscine communale va permettre à toute la petite
famille de se baigner avant le montage et les représentations prévues. Nous
avons le branchement à l’eau (je vais pouvoir faire tourner la machine à
laver !), le branchement électrique, et le verre de l’amitié… Que demander
de plus… Le public venu nombreux pour la manifestation, nous donnerons nos
représentations devant des spectateurs conquis et rentrés au « chausse-
pied » (jusqu’à 85 personnes environ), des programmateurs heureux de cette
belle rencontre… Bref, un contrat presté avec succès et la promesse de
renouveler le voyage vers Salmiech l’année prochaine ! Mais bon, le voyage
nous appelle et nulle possibilité de se reposer sur les lauriers, il faut
repartir… Destination « La Couvertoirade », cité médiévale
entièrement restaurée, nichée sur les hauts plateaux du Larzac (Pays du
roquefort au Sud de l’Aveyron).
C’est un peu inquiets que nous arrivons sur les lieux, car
la cité habituellement pleine en cette fin de mois de juillet, semble désertée
par les touristes. Nous rencontrons les commerçants qui font majoritairement
grise mine : Ils n’ont jamais vécu une saison si mauvaise, les seuls touristes
présents rechignent à consommer, et malgré la météo à présent clémente, les
petites rues sinueuses de la Couvertoirade semblent tristes et maussades… L’esprit de crise économique envahi même les
lieux les plus touristiques et les gens se laissent gagner peu à peu par
l’amertume… Il ne va pas être aisé de ramener le public et encore moins de le
convaincre de payer une billetterie. Car si nous bénéficions d’une situation
privilégiée, dans un petit pré ombragé tout à côté de la cité, si nous avons le
soutien d’une grande partie des commerçants, nous sommes seuls à assumer la
communication (affichage dans les villages éloignés alentours, communication et invitation pour
les commerçants et habitants de la Couvertoirade) et tout cela en continuant
bien entendu la gestion des repas au quotidien. Il est vrai que les grands-
parents sont venus à la rescousse, prenant en charge les trois plus jeunes le
temps de leurs vacances à Lodève (la ville non loin), ce qui permet à Xavier et
moi-même de souffler un peu, n’ayant plus qu’Ysaline à charge les jours où nous
ne jouons pas. Le jour de la première est arrivé… Nous jouerons gratuitement
pour les commerçants et les habitants de la cité, en remerciement pour leur
accueil. Cette première sera un succès, et nous laisse espérer un bénéfice
direct par le soutien accru des commerçants. Malheureusement la seconde représentation qui
devait être financée par la billetterie devra être annulée : nous n’aurons
que deux personnes… Xavier et moi décidons dans l’urgence de changer de
stratégie et de fonctionner « au chapeau »… Bingo !
Le public arrive et nous enchainerons 12 représentations avec une moyenne de 45
personnes. Nos chapeaux oscillent entre 100 euros et 350 euros… Nous arriverons
au bout de trois semaines à un montant équivalent à un peu plus de quatre
spectacles achetés. Pas mal au vue du peu de monde présent sur la cité. De plus
des pistes semblent se dégager pour la saison prochaine, il est probable donc
que nous aurons quelques possibilités de contrats en Aveyron. Les
« au-revoir » sont difficiles car les trois semaines passées sur la
cité ont fait naître de jolies graines d’amitié et nous devons quitter Karen et
Jean- Philippe, Annick et Kaldi, Kalou et Armelle, Manu et Olivier, Anne et
Youri, Medhi, Paulette, Jacques, Richard, Irène, et j’en oublie
certainement… Pressés par le temps, nous
quittons à la hâte les grands parents, nous récupérons les enfants et nous nous
mettons en route sans tarder vers Aurillac… Destination que nous pensons pleine
de promesses de rencontres artistiques intéressantes et de chapeaux bien
remplis…
Aurillacaca ! Nous
voilà placés au lieu dit « Cap blanc », un lieu excentré à 1km du
centre ville… Le public rare et parsemé ne viendra pas jusque là, préférant
errer l’œil souvent hagard et la tête pleine d’informations dans un centre
ville surchargé d’affiches et saturé de bruits… Il n’y a pas moins de 288
spectacles annoncés dans le catalogue officiel, sans compter les compagnies non
inscrites dans le catalogue (payant) et tout les petits groupes venus proposer
leur « travail » à l’arrache : Il y aura un homme réclamant ses
sous après s’être mis nu et c’est tout, un homme poussant une chaise et puis
rien, une statue vivante plus vivante que statue et en plus mal maquillée, il y
aura un couple couché en travers de la voie (ah ! non, ceux-là sont juste
bourrés), et pour nous il y aura la route de grand passage juste à côté de la
roulotte, et donc, les pompiers, le Samu, les automobilistes excédés qui ne
respectent pas les limitations de vitesse mais il est vrai que les
organisateurs n’ont pas jugés nécessaire de poser des panneaux, les mamans qui
hurlent parce que le gamin a failli se faire renverser, les parents venus
déposer leur chéris sous le chapiteau et puis discutant fort, très FORT juste à
côté pendant que nous essayons de jouer, les comédiens alentours rencontrés au
petit matin et souvent déçus, les camions venus enlever les toilettes pendant
le spectacle (vive l’odeur !), il y aura aussi l’absence cruelle de
programmateurs sur les lieux (Ils n’ont pas dû trouver Cap Blanc ou mieux ils
s’en foutent), les drogués et les bourrés du soir qui trouvent que nos coussins
sont confortables pour faire un petit somme pendant que nous jouons (Xavier qui
est un peu bigleux appellera une dame pendant le spectacle qui devra se tenir à
lui sous peine de s’écrouler, il n’avait pas vu qu’elle n’était pas dans son
état normal et pour cause elle se pique !), les spectacles trop proches
programmés aux mêmes heures induisant des nuisances sonores pendant nos représentations,
nos enfants qui ne comprennent rien à ce misérable public fait de drogués, de
bourrés, de blasés, de fatigués, et de quelques réjouis parsemés sur les bancs
de notre petit théâtre… Et point utile de lever les yeux au ciel, car de ce
côté-là, pas d’étoiles (trop de nuisances lumineuses) et en plus, le bruit des
hélicoptères qui ajoute au chao général la petite cerise sur le baba (je
voulais dire caca). Quand nous nous rendons dans le centre ville pour y
distribuer nos tracts, il faudra éviter les cacas, les pipis, les capotes
usagées et convaincre des badauds à la triste figure qu’on peut encore venir
rêver chez nous à côté de la roulotte… Toute cette ambiance de « Shopping
spectacle », me fait penser au tableau de Jérôme Bosch où des humains fardés
à l’excès se promènent agglutinés tels des ânes enfarinés au milieu d’une fête
décadente où l’on tente d’oublier un quotidien définitivement dépourvu de la
moindre parcelle de poésie. La poésie ? La poésie ? Me
direz-vous ! Puisqu’ il n’y en a pas, regardons ce qu’il y a dans le
chapeau… Une misère. Nous donnerons 4 représentations devant une moyenne de 30
personnes pour la somme moyenne de 50 euros / le spectacle… Bref tout aura
été médiocre pour nous : Aucun résultat du côté de la communication, pas de
programmateur, pas de grande rencontre avec un beau public, pas non plus de
réjouissance au niveau de nos finances. Seule lueur légère au tableau nous
aurons revu Olga et Thomas de « Spirale à Histoires », nous
croiserons Jo (petite bouffée d’air
frais de Croux en Aude), et nous mangerons des frites de la baraque à frites à
côté (on ne se refait pas !). C’est donc très motivés que nous démontons
le chapiteau, nous finirons le travail à minuit et nous repartirons dès le
lendemain matin sous la pluie, avec pour but l’ouest de l’Aveyron… Il était
prévu de jouer à Saint Geniez et à Espalion, mais nous apprenons très
tardivement que cela ne sera pas possible : la personne chargée de nous
faire venir n’a pas eu le temps de s’occuper de ça ! Voilà qui achève de
nous achever…
Nous voilà donc chez des amis, Geneviève et Philippe qui
nous accueillent sur un bout de leur terrain, non loin de Villefranche de
Rouergue. Xavier va tenter dans l’urgence d’organiser une série de
représentations sur Villefranche avant que nous partions vers le sud fin
octobre dans les Pyrénées Orientales pour le Festival des Sorcières à Tresserre
(un contrat, ça va faire du bien au moral plutôt en berne pour le moment). Nous
espérons donc que le travail de Xavier produira quelques possibilités de dates
durant ce mois de septembre qui, voyant deux lieux annulés, s’annonce morne comme une fin de vacances. Et ma plume
restée longtemps en suspend s’écrase en un point final sous la lumière
particulière et automnale du début
septembre.