La note de l'écrivain

Le rêve c'est bien, mais la réalité est plus nuancée, plus complexe, terreau du meilleur parfois du pire. L'histoire humaine est jalonnée de rêves aux allures de cauchemars..

Le voyage que notre famille entreprend permet sans nul doute d'être témoins privilégiés de faits souvent ignorés ou mal évalués. Quand on vit, comme le plus grand nombre, abrité par quatre murs et un toit, on a parfois peur mais on suppose que le danger ne passera pas la porte, préférant regarder par la lorgnette (le petit écran) ce qui se passe au-dehors. Le danger n'est pourtant pas dans la réalité, mais dans le fait de ne pas vouloir la voir, où d' en nier une partie, car elle n'est ni bonne ni mauvaise, elle est ce qu'elle est.

Notre gazette s'invite dans vos boudoirs chaleureux, petit moment de pause, réflexions, idées, impulsions et initiatives pour que résolument attentifs, nous nous souvenions que notre humanité tient dans notre faculté à rêver et notre capacité à transformer nos rêves en réalité. Pour le meilleur et le meilleur!

lundi 26 août 2013

Pause et retour...


Eh, oui !!! Le temps passe vite lorsqu’on voyage… Entre les trajets, les montages et démontages du théâtre, les rencontres, les petits pépins à résoudre, je trouve difficilement le temps de mettre à jour notre site.

Donc voilà, je m’étais arrêtée sur les hauteurs de Montségur en Ariège, ma plume suspendue en altitude. Depuis notre convoi est  redescendu dans la plaine pour rejoindre le bar à Blabla entre Toulouse et Castelnaudary, c’était il y a déjà un mois. Nous y avons joué deux représentations. Elles ont été chaleureusement applaudies, même si, malheureusement les spectateurs n’étaient qu’au nombre de 25. Défaut de communication ? Ralentissement des activités de l’association depuis un an ? Problèmes d’organisation au sein de l’équipe ? Nous ne saurons pas… Nous repartirons donc avec des sentiments mélangés : Déception et découragement d’avoir eu si peu de public et  joie d’avoir tout de même fait de belles rencontres (Claire et Blaise, Mathilde) le temps des repas partagés ensemble, nous avons aussi revu notre ami « Bouclette » passé par là pour l’occasion… Et puis déjà il faut se dire au-revoir et en route vers « Revel » au pied de la montagne noire, nous y resterons une dizaine de jour chez nos amis Mathieu et Marie- Aude, couple de circassiens rencontré à Spirale. Nous adoptons un petit chaton nommé « Charlotte » et rencontré au hasard sur la place du marché de Revel.  Nous passerons là quelques moments de calmes avant de prester notre contrat à Cap mômes dans l’Aveyron…

« Cap mômes » à Salmiech, que du Bonheur !!! Nous sommes accueillis chaleureusement par Régis et Cédric, le lieu est magnifique et au calme, la piscine communale va permettre à toute la petite famille de se baigner avant le montage et les représentations prévues. Nous avons le branchement à l’eau (je vais pouvoir faire tourner la machine à laver !), le branchement électrique, et le verre de l’amitié… Que demander de plus… Le public venu nombreux pour la manifestation, nous donnerons nos représentations devant des spectateurs conquis et rentrés au « chausse- pied » (jusqu’à 85 personnes environ), des programmateurs heureux de cette belle rencontre… Bref, un contrat presté avec succès et la promesse de renouveler le voyage vers Salmiech l’année prochaine ! Mais bon, le voyage nous appelle et nulle possibilité de se reposer sur les lauriers, il faut repartir… Destination « La Couvertoirade », cité médiévale entièrement restaurée, nichée sur les hauts plateaux du Larzac (Pays du roquefort  au Sud de l’Aveyron).

C’est un peu inquiets que nous arrivons sur les lieux, car la cité habituellement pleine en cette fin de mois de juillet, semble désertée par les touristes. Nous rencontrons les commerçants qui font majoritairement grise mine : Ils n’ont jamais vécu une saison si mauvaise, les seuls touristes présents rechignent à consommer, et malgré la météo à présent clémente, les petites rues sinueuses de la Couvertoirade semblent tristes et maussades…  L’esprit de crise économique envahi même les lieux les plus touristiques et les gens se laissent gagner peu à peu par l’amertume… Il ne va pas être aisé de ramener le public et encore moins de le convaincre de payer une billetterie. Car si nous bénéficions d’une situation privilégiée, dans un petit pré ombragé tout à côté de la cité, si nous avons le soutien d’une grande partie des commerçants, nous sommes seuls à assumer la communication (affichage dans les villages éloignés  alentours, communication et invitation pour les commerçants et habitants de la Couvertoirade) et tout cela en continuant bien entendu la gestion des repas au quotidien. Il est vrai que les grands- parents sont venus à la rescousse, prenant en charge les trois plus jeunes le temps de leurs vacances à Lodève (la ville non loin), ce qui permet à Xavier et moi-même de souffler un peu, n’ayant plus qu’Ysaline à charge les jours où nous ne jouons pas. Le jour de la première est arrivé… Nous jouerons gratuitement pour les commerçants et les habitants de la cité, en remerciement pour leur accueil. Cette première sera un succès, et nous laisse espérer un bénéfice direct par le soutien accru des commerçants.  Malheureusement la seconde représentation qui devait être financée par la billetterie devra être annulée : nous n’aurons que deux personnes… Xavier et moi décidons dans l’urgence de changer de stratégie et de fonctionner  « au chapeau »… Bingo ! Le public arrive et nous enchainerons 12 représentations avec une moyenne de 45 personnes. Nos chapeaux oscillent entre 100 euros et 350 euros… Nous arriverons au bout de trois semaines à un montant équivalent à un peu plus de quatre spectacles achetés. Pas mal au vue du peu de monde présent sur la cité. De plus des pistes semblent se dégager pour la saison prochaine, il est probable donc que nous aurons quelques possibilités de contrats en Aveyron. Les « au-revoir » sont difficiles car les trois semaines passées sur la cité ont fait naître de jolies graines d’amitié et nous devons quitter Karen et Jean- Philippe, Annick et Kaldi, Kalou et Armelle, Manu et Olivier, Anne et Youri, Medhi, Paulette, Jacques, Richard, Irène, et j’en oublie certainement…  Pressés par le temps, nous quittons à la hâte les grands parents, nous récupérons les enfants et nous nous mettons en route sans tarder vers Aurillac… Destination que nous pensons pleine de promesses de rencontres artistiques intéressantes et de chapeaux bien remplis…

Aurillacaca ! Nous voilà placés au lieu dit « Cap blanc », un lieu excentré à 1km du centre ville… Le public rare et parsemé ne viendra pas jusque là, préférant errer l’œil souvent hagard et la tête pleine d’informations dans un centre ville surchargé d’affiches et saturé de bruits… Il n’y a pas moins de 288 spectacles annoncés dans le catalogue officiel, sans compter les compagnies non inscrites dans le catalogue (payant) et tout les petits groupes venus proposer leur « travail » à l’arrache : Il y aura un homme réclamant ses sous après s’être mis nu et c’est tout, un homme poussant une chaise et puis rien, une statue vivante plus vivante que statue et en plus mal maquillée, il y aura un couple couché en travers de la voie (ah ! non, ceux-là sont juste bourrés), et pour nous il y aura la route de grand passage juste à côté de la roulotte, et donc, les pompiers, le Samu, les automobilistes excédés qui ne respectent pas les limitations de vitesse mais il est vrai que les organisateurs n’ont pas jugés nécessaire de poser des panneaux, les mamans qui hurlent parce que le gamin a failli se faire renverser, les parents venus déposer leur chéris sous le chapiteau et puis discutant fort, très FORT juste à côté pendant que nous essayons de jouer, les comédiens alentours rencontrés au petit matin et souvent déçus, les camions venus enlever les toilettes pendant le spectacle (vive l’odeur !), il y aura aussi l’absence cruelle de programmateurs sur les lieux (Ils n’ont pas dû trouver Cap Blanc ou mieux ils s’en foutent), les drogués et les bourrés du soir qui trouvent que nos coussins sont confortables pour faire un petit somme pendant que nous jouons (Xavier qui est un peu bigleux appellera une dame pendant le spectacle qui devra se tenir à lui sous peine de s’écrouler, il n’avait pas vu qu’elle n’était pas dans son état normal et pour cause elle se pique !), les spectacles trop proches programmés aux mêmes heures induisant des nuisances sonores pendant nos représentations, nos enfants qui ne comprennent rien à ce misérable public fait de drogués, de bourrés, de blasés, de fatigués, et de quelques réjouis parsemés sur les bancs de notre petit théâtre… Et point utile de lever les yeux au ciel, car de ce côté-là, pas d’étoiles (trop de nuisances lumineuses) et en plus, le bruit des hélicoptères qui ajoute au chao général la petite cerise sur le baba (je voulais dire caca). Quand nous nous rendons dans le centre ville pour y distribuer nos tracts, il faudra éviter les cacas, les pipis, les capotes usagées et convaincre des badauds à la triste figure qu’on peut encore venir rêver chez nous à côté de la roulotte… Toute cette ambiance de « Shopping spectacle », me fait penser au tableau de Jérôme Bosch où des humains fardés à l’excès se promènent agglutinés tels des ânes enfarinés au milieu d’une fête décadente où l’on tente d’oublier un quotidien définitivement dépourvu de la moindre parcelle de poésie. La poésie ? La poésie ? Me direz-vous ! Puisqu’ il n’y en a pas, regardons ce qu’il y a dans le chapeau… Une misère. Nous donnerons 4 représentations devant une moyenne de 30 personnes pour la somme moyenne de 50 euros / le spectacle… Bref tout aura été médiocre pour nous : Aucun résultat du côté de la communication, pas de programmateur, pas de grande rencontre avec un beau public, pas non plus de réjouissance au niveau de nos finances. Seule lueur légère au tableau nous aurons revu Olga et Thomas de « Spirale à Histoires », nous croiserons  Jo (petite bouffée d’air frais de Croux en Aude), et nous mangerons des frites de la baraque à frites à côté (on ne se refait pas !). C’est donc très motivés que nous démontons le chapiteau, nous finirons le travail à minuit et nous repartirons dès le lendemain matin sous la pluie, avec pour but l’ouest de l’Aveyron… Il était prévu de jouer à Saint Geniez et à Espalion, mais nous apprenons très tardivement que cela ne sera pas possible : la personne chargée de nous faire venir n’a pas eu le temps de s’occuper de ça ! Voilà qui achève de nous achever…

Nous voilà donc chez des amis, Geneviève et Philippe qui nous accueillent sur un bout de leur terrain, non loin de Villefranche de Rouergue. Xavier va tenter dans l’urgence d’organiser une série de représentations sur Villefranche avant que nous partions vers le sud fin octobre dans les Pyrénées Orientales pour le Festival des Sorcières à Tresserre (un contrat, ça va faire du bien au moral plutôt en berne pour le moment). Nous espérons donc que le travail de Xavier produira quelques possibilités de dates durant ce mois de septembre qui, voyant deux lieux annulés, s’annonce  morne comme une fin de vacances. Et ma plume restée longtemps en suspend s’écrase en un point final sous la lumière particulière et automnale du début  septembre.