La note de l'écrivain

Le rêve c'est bien, mais la réalité est plus nuancée, plus complexe, terreau du meilleur parfois du pire. L'histoire humaine est jalonnée de rêves aux allures de cauchemars..

Le voyage que notre famille entreprend permet sans nul doute d'être témoins privilégiés de faits souvent ignorés ou mal évalués. Quand on vit, comme le plus grand nombre, abrité par quatre murs et un toit, on a parfois peur mais on suppose que le danger ne passera pas la porte, préférant regarder par la lorgnette (le petit écran) ce qui se passe au-dehors. Le danger n'est pourtant pas dans la réalité, mais dans le fait de ne pas vouloir la voir, où d' en nier une partie, car elle n'est ni bonne ni mauvaise, elle est ce qu'elle est.

Notre gazette s'invite dans vos boudoirs chaleureux, petit moment de pause, réflexions, idées, impulsions et initiatives pour que résolument attentifs, nous nous souvenions que notre humanité tient dans notre faculté à rêver et notre capacité à transformer nos rêves en réalité. Pour le meilleur et le meilleur!

lundi 30 juin 2014

Dans le bouquet de soucis, y'avait une rose


Alors que nous avions tout sanglé dans les roulottes, nettoyé et rangé, placé Charlotte (la chatte) dans son panier, rentré le chien dans la voiture, attelé la roulotte au 4x4, que nous nous préparions à atteler la Caravette d'Ysaline au camion roulotte, alors donc que nous étions fin prêts et heureux de nous mettre (enfin !!!) en route pour aller aux « arts cachés » à Albas en vue d'y jouer nos prochaines dates (les 5 et 6 juillet), alors donc que nous attendions cela depuis un mois maintenant, coincés sur l'aire de camping-car de Limoux et tentant de garder le moral face aux multiples lieux annulés cette saison, voilà donc que nous subissions maintenant une panne ! Eh ! Oui, notre camion roulotte ne veut plus démarrer...

A l'heure où j'écris ces lignes, nous avons déjà essayé de redémarrer grâce au pinces (tentative nulle), nous tentons à présent de recharger la batterie grâce au groupe électrogène (nous ne savons pas si cela pourrait marcher), et en dernier recours, nous devrons donc appeler un garagiste à la rescousse, tout en priant que le dieu du spectacle nous aide à résoudre cet incident à moindre frais et rapidement... Il ne serait vraiment pas bienvenu pour nous de devoir à nouveau subir deux annulations de dates, alors que notre saison si bien débutée, semble s'engluer peu à peu dans les annulations successives...

Il est frappant de constater à quel point parfois le sort peut s'acharner et les problèmes s'accumuler sans que l'on ne puisse infléchir sur le cours des événements... Il faut alors sans doute se poser là et attendre que les choses tournent à l'avantage. J'avoue qu'à ces instants le fait d'avoir la petite Gazette est une aubaine, car si je ne peux rien faire, je peux tenter d'écrire et cela permet déjà de réguler un peu ma pression intérieure... Car il faut bien le dire en terme de bouquet de fleur, j'aurais bien besoin d'un petit bouquet de gypsophile aérien, immaculé et léger et pas cet énorme bouquet que l'univers semble nous destiner, un bouquet bien lourd de soucis... Et c'est aussi là que le doute s'installe : Faut-il revoir des choses dans notre projet, faut-il arrêter, faut-il continuer, faut-il transformer, que faut-il y apprendre, y a t-il là quelque chose que je n'aurais pas vu, comment pourrions nous éviter cela, aurions nous pu l'éviter ? Et ça gamberge et ça gamberge... Alors qu'aucune de ces questions ne nous aideront à voyager plus léger. Car le piège est bien là, quand les événements tournent mal, c'est là que l'on mesure réellement sa capacité à être installé dans ce calme intérieur que l'on nomme affectueusement le « moi ».

Bonne nouvelle, après deux heures de travail, le garagiste « Julia » à Quillan, qui sur un simple coup de téléphone s'est déplacé pour nous un dimanche et cela en fin d'après- midi, the garagiste donc, détectera les causes très probables de la panne. Mauvaise nouvelle : Notre batterie s'étant déchargée presque totalement et notre véhicule étant farci d'électronique, le calculateur central du véhicule ne veut plus reconnaître notre clé! Conséquence : le démarreur ne démarre plus, et la pompe à essence ne s'enclenche plus (le véhicule se comporte comme si nous voulions le voler et son système électronique empêche toute tentative de démarrage !) Vive la technologie ! Pour couronner le tout, seul "Mercedes" pourrait pet-être réinitialiser le système du véhicule, si tel était le cas, nous serions alors obligés de faire remorquer notre camion jusqu'à Trèbes (Oh ! Chouette on ne voulait plus y jouer, voilà qu'on risque fort d'y être en panne) vers le seul garage Mercedes existant dans la région et cela bien sûr nous coûtera la modique somme de 350 euros environ (juste pour le remorquage, à cette somme là, viendront s'ajouter les frais de réparation liés à la panne... WOUAI, super !!... Déjà que ça fait un mois que nous n'avons plus aucune rentrée d'argent, voilà qu'il faudra peut-être trouver à en sortir...

Certains ont eu Guillaume le Conquérant, mais nous, nous avons Guillaume The garagiste, et face à ma mine dépitée, il nous dit de rester calme (sent- il chez moi la crise de nerf très proche?), il enchaîne: « j'ai un ami, qui possède une valise électronique, avec un peu de chance il pourrait peut-être réinitialiser votre véhicule. Je vous donne un coup de téléphone demain matin, je pourrai déjà vous dire si cette option pourrait fonctionner, grâce aux chiffres du véhicule mon ami pourra me dire si il faut LA valise Mercedes ou non. » Deuxième option: avec une barre à tracter, nous essayons de tracter le camion et nous roulons à plus de 80 kilomètres heure, parfois précise t-il, à cette vitesse, le système se débloque de lui-même. Troisième option, plus le choix, c'est la m... : Obligés d'aller chez Mercedes. Nous attendrons donc impatients que demain arrive pour connaître à quelle sauce nous serons mangés, tout cela dans la pression de ne pas savoir si nous pourrons assumer notre présence à Albas. (Mercredi au grand plus tard tout doit être rentré dans l'ordre si nous ne voulons pas perdre ces deux dates précieuses pour nous)...

Ce lundi nous nous réveillons, Guillaume THE garagiste a obtenu un rendez-vous avec son ami équipé d'une valise, nous espérons que l' ami pourra nous débloquer le système de démarrage de notre véhicule... Nous attendons avec impatience mercredi 10h, pour avoir la réponse (l'ami ne peut se déplacer plus tôt)... Si cette option ne fonctionnait pas, nous irons chercher une barre de traction pour emmener le camion à Trèbes en dépannage chez Mercedes et amoindrir ainsi les frais de transport . Nous devrons aussi faire deux voyages pour emmener le reste du convoi sur Albas afin de prester nos deux dates dont on ne peut se passer (nous devons impérativement nous remettre à jouer, et rentrer de l'argent)... Bref, nous prions pour que le véhicule redémarre par la simple intervention de l'ami de Guillaume équipé de la fameuse valise. En attendant, ici, l'état de tension augmente, les enfants s'engueulent régulièrement, les adultes aussi et c'est là, que l'on mesure les limites des uns et des autres, ou alors, chacun s'enferme dans le silence et l'isolement... Il n'est pas facile dans le climat contrariant de cette saison de supporter en plus les aléas tels que ceux-ci... Même si nous constatons encore que nous sommes entourés de gens qui ont le cœur sur la main et qui n'hésitent pas, malgré une crise qui impacte aussi leur secteur, à se mobiliser pour que notre petite compagnie soit protégée... Bref, une rose éclatante parmi les soucis...

samedi 28 juin 2014

Limoux... Limoutarde me monte au nez !


« Alors ? Elle vous plaît notre région ?!... ». C'est la question que Pascal nous posait alors que nous buvions un verre en terrasse, un de nos jours de relâche. Et vraiment, je me suis demandé ce que je pouvais bien répondre à ce pauvre Pascal. On sentait d'emblée que lui, il l'aimait fort son pays de Limoux : sa douceur, ses joueurs de pétanque, ses petits vieux sous les platanes, son carnaval, ses petits commerces, sa blanquette, son « Toques et Clochers »... Oui, vraiment, j'étais embarrassée, car quelle part de mon identité fragmentée et névrosée devait donc répondre à l'enthousiasme confirmé de Pascal ? N'allais-je pas, une fois de plus, me montrer blessante par une réponse honnête mais à l'enthousiasme, disons... Euh... Comment dire... Euh... Les mots me manquent... Tiède ??? Je tentais donc une réponse « tiède », me rappelant qu'ici en France on pouvait apprécier une réponse aussi « Chiraquienne » que « je ne suis ni pour, ni contre, bien au contraire », et, en outre, qu'une part de moi étant définitivement marquée par le compromis et le surréalisme à la belge, une réponse toute en nuance devait donc être à ma portée... Ni froid, ni chaud, décidément « tiède » me rappelait au climat tempéré d'où je suis issue. Je répondais prudente...

« Écoute... Je suis partagée... Oui, oui, c'est une très belle région... Les paysages sont très jolis... La vigne... Les montagnes... La mer pas loin... La cité de Carcassonne... Les châteaux cathares... Les rivières... Tout ça, tout ça...». Mon interlocuteur se détendait, je marquais des points... J'enchaînais :  « Mais... Je m'inquiète de l'inertie du secteur... Nous venons de jouer, et nous peinons à remplir notre chapiteau... Dans une ville de 10000 habitants, cela m'inquiète et me désole... De plus, nous jouons en accès libre, ce qui ne suppose aucun engagement, ni aucune prise de risque pour personne ?!... ». Pascal répond :  « Ah bon ? Vous avez joué ? Mais où... Quand ? ». Face à mon silence dépité, il ajoute timidement : « Ah, c'est vous... Les roulottes à l'Espace Ruffié? ». Je me dis en moi-même que décidément je ne dois pas encore crier assez fort quand nous passons dans la ville tout les jours (entre autre juste devant la vitrine du commerce de Pascal) en hurlant que nous y sommes, en précisant à tue tête les heures, la nature du spectacle, son accès libre et le lieu précis où nous nous trouvons... Je me dis aussi que nos deux mille Gazette distribuées dans les commerces locaux et sur les marchés ne doivent pas suffire non plus, que peut-être aussi il serait bon de peindre nos roulottes en rose bonbon car nous sommes sûrement trop discrets. C'est vrai que nos amis d'« Ici et là » (restaurant à Limoux) nous ont informé qu'un voisin, habitant juste en face de là où nous jouions, n'avait compris qu'à la fin de notre série que nous étions une troupe de théâtre... Je me demandais pourquoi le fait de ne pas savoir de quelle nature était notre travail l'avait empêché de traverser la route et de faire 20 mètres pour venir s'informer... Peut-être la peur ? Peut-être une curiosité et un intérêt trop... Euh... Comment dire... Les mots manquent... Tiède ?

Je me demandais aussi si la presse (L'Indépendant) qui nous avait promis de nous envoyer un correspondant, et qui, au final, n'a rien publié du tout (le correspondant n'est jamais venu et n'a jamais appelé!) si, cet intérêt... Euh... Comment dire... Les mots me manquent... Tiède ?... De la presse locale sur Limoux n'avait pas pu contribuer à nous rendre la tâche encore un peu plus compliquée. Je continue à déplorer que les journalistes ne se déplacent pas pour venir voir le travail fait et réalisé. (un seul journaliste sur trois tournées qui malheureusement n'écrira rien sur notre spectacle car nous allions partir en dehors de son secteur). Je me posais aussi la question de savoir quelle était la part de responsabilité de la personne en Mairie à qui nous avions demander de faire suivre l'information via les panneaux lumineux de la ville et qui nous avait répondu oui, mais qui finalement et vraisemblablement ne savait pas sur quel bouton appuyer pour publier le petit texte que nous avions écrit, car j'ai eu beau regarder les panneaux, l'information sur notre présence ni est jamais apparue ?!... Alors c'est vrai, que comme me l'ont suggéré mes amis d' « Ici et là », une banderole supplémentaire avec écrit en grand dessus, mais alors en très, très grand « THEATRE DEAMBULATOIRE », pourrait être envisagée et nous allons encore une fois sortir les sous sous de la popoche pour la financer très vite... Mais je ne sais pas pourquoi, mon petit doigt me dit qu'elle ne suffira pas, voir même, qu'elle s'avèrera parfaitement inutile à nous remplir les chapiteaux... Car sur Limoux, alors que nous nous attendions à avoir un public nombreux, nous avons du annulé une représentation sur huit, et rempli péniblement des moitiés de chapiteaux et cela malgré le bouche à oreille efficace de notre public... Un bilan donc... Comment dire... Les mots me manquent... Euh... Tiède ?

Outre les pertes financières que cela engendrent, tout cela amène stress, tensions, fatigue, tristesse, découragement dont il faut encore se départir pour pouvoir continuer à faire notre travail correctement, à savoir, jouer . (Oui, oui jouer est un travail!). Car en réalité, aujourd'hui, nonante pour cent de notre temps (oui, là je dis nonante !!!) est non payé et est employé aux multiples démarchages pour la communication, il nous reste donc 10 % pour, créer autre chose (sans avoir de lieu de résidence, sans aucun moyen financier et avant la prochaine période d'élection ou en France, tout sera à nouveau bloqué pour approximativement 1 an) et bien sûr, il faut aussi sur ces 10% de temps, nous occuper de nos enfants qui partagent l'aventure avec nous. Il faut encore, puisque nous jouons en famille pouvoir protéger nos enfants de cette cruelle réalité qui nous use et nous malmène et ainsi espérer faire rêver... Mais bon, comme on nous le rappelle souvent NOUS NOUS sommes responsables de nos propres choix. (Pouvons-nous donc nous plaindre, mes enfants, eux, se plaignent de plus en plus mais c'est normal ils ne sont pas encore responsables.)

Car il faut faire rêver... Ça, le public s'en rend bien compte! Car le public en ce qui nous concerne est très généreux: nos chapeaux équivalent souvent à un prix payé en billetterie (la place entre 7 et 8euros). Le travail quand il est là, s'avère toujours payant. Ceci pour répondre aux gens qui nous suggèrent souvent de faire payer l'entrée et nous présentent cette solution comme LA solution miracle. Une fois pour toute, cela s'avère être un mauvais calcul, et nous pouvons parler d'expérience (Ayant joué une centaine de fois, on peut, sans être orgueilleux, parler d'expérience)... Le public, quand il est là, se montre... Comment dire... Euh... Les mots me manquent... Euh... Chaleureux? (Pas tiède quoi!)... Et grâce à l'accès libre, ce public est infiniment reconnaissant d'avoir été « libre » justement. Alors vraiment à Limoux et face à toutes les difficultés que nous rencontrons pour le moment la part de mon identité « Cléopâtresque », mise habituellement en veilleuse par cette autre fragment identitaire « Mère Thérésatesque », cette part donc, s'est sentie soudainement des envies de parler et elle hurle sans cesse que « Limoutarde lui monte au nez! ».

Quelques idées fulminantes, je le crains bien, pour calmer la Reine (du tiède ça n'ira pas), et je préviens les plus radins, il va nous falloir les moyens: Les prochains dépliants pourraient être balancés sur la population part voie d'hélicoptère et cela à 100000 exemplaires pour une population de 10000 habitants (Comptez en communication : 2% de réponses). On pourrait aussi envisager une participation des pompiers et du Samu pour soutenir, par leurs sorties intempestives, ma voix puissante mais qui ne suffit pas à faire entendre notre présence (ceci offrirait l'avantage d'éviter quelques unes de leurs sorties pendant que nous jouons), on pourrait aussi utiliser les facultés naturelles d'Erwenn et son énergie débordante pour l'armer vraiment (enfin !!!) d'une arme blanche et menacer les petits vieux qui passent à venir de force dans notre chapiteau (on s'occupe ensuite de les détendre par le caractère comique de notre spectacle), quant à la banderole supplémentaire, je suggère une banderole de 20 mètres de long sur 3 mètres de large tirée par l'hélicoptère cité plus haut. En outre, nous pouvons également, en plus des dépliants et des sets de table (tout nouveaux) actuellement distribués dans les commerces, nous pouvons fournir des figurines crées en Chine, figurines de nous en latex souple (nous sommes très souples),et, comme nous n'hésitons pas à faire travailler nos propres enfants, cela sans les payer bien sûr, (ce n'est pas de l'exploitation, c'est un manque de moyen), nous ne voyons aucun problème pour que les figurines soient peintes par les petits enfants chinois, nous pouvons aussi sortir des T-shirts avec nos minois dessus, ainsi les gens qui trouvent souvent que notre affiche est belle mais qui pourtant ne viennent pas au spectacle pourraient enfin nous porter fièrement sur leurs torses bombés et ainsi participer à moindre coût à nos multiples efforts de guerre. S'agissant d'ailleurs d'une guerre, nous pourrions préparer avec nos amis du « Chapeau rouge », « Les frères locomotives », et puis tout ceux qui le veulent (intermittents, cheminots, syndicalistes, chômeurs, mères et pères isolés, travailleurs précaires, commerçants mécontents,consommateurs au pouvoir d'achat diminué, femmes voilées ou non, femmes violées ou pas, ...), nous pourrions préparer un putsch local et armés de tout le brillant de nos costumes (de fête, du dimanche, d'ouvrier, de travailleur,d'apparat, de moine et de curé...), tirer à boulets rouges des tonnes de... Euh... De... De gelée de confiture non-bio et d' hamburgers de chez Mc Do sur le pouvoir en place (je propose stratégiquement, de commencer par les bureaux de mairie et d'enchaîner avec la presse, car cette dernière... n'aura pas manqué de se déplacer pour couvrir l'événement d'abord!). Si on pouvait faire un détour ensuite vers l'aire de stationnement des camping-caristes car y'en a certains qui n'ont pas bien compris le concept de propriété commune et ils chassent sans vergogne tout ce qui se comporte différemment (merci aux policiers de Limoux qui se sont montrés très bienveillants, oui, les policiers peuvent être bienveillants parfois, on pourra rester encore une semaine)... Ensuite, je propose d'armer, tout ceux qui participent à la lutte, de petites bombes de gaz hilarant et de tirer sans sommation sur tout employé de poste, inspecteur d'académie, professeur, secrétaire de mairie, où comédien qui fait la gueule, … Ah! Non... Merde... Ça c'est moi !... Et oui...

Prise dans mon rôle «  Cléôpatresque », j'avais oublié un instant qui j'étais vraiment ( mais n'est ce pas là le danger du pouvoir?), et la moutarde me montant au nez, j'avais oublié cette part de moi engagée résolument dans la paix, et malgré les soucis et malgré mon irritation, ce soir là, je regardais Pascal et je conclus en souriant : « Oui, Limoux, c'est une belle région vraiment, sa douceur, ses joueurs de pétanque, ses petits vieux sous les platanes, son carnaval, ses petits commerces, sa blanquette, son « Toques et Clochers », tout ça, tout ça... »

« Tiède »: me direz-vous?  Pour quelqu'un qui aime la paix, il vaut mieux "tiède"  que " froid ", je réponds. Car la vengeance est un plat qui se mange « froid », et croyez-moi qu'accompagnée de moutarde ou non, la vengeance reste la vengeance, la guerre reste la guerre, et le pouvoir, aussi petit soit-il, est rarement utilisé dans l'intérêt de tous. Non, décidément ma liberté réside seule dans ma liberté d'expression et mes costumes à moi sont réservés à l'usage de la scène pour le bonheur des uns et des autres (même celui des camping-caristes emmerdeurs!). Je ne suis pas née Reine, je suis née comédienne. Alors Oyez ! Oyez ! Venez nombreux à Albas les 5 et 6 juillet, car le courage on l'a, c'est du public qu'il nous faut !!!


vendredi 27 juin 2014

Ici, on vous rappelle (Ben voyons!!!)

Alors que nous cherchions en urgence des lieux possibles pour remplacer les multiples refus reçus lors de nos prestations sur Castelnaudary, deux bonnes nouvelles vinrent éclaircir nos espoirs pour sauver notre mois de juin extrêmement compromis.

D'une part la maman de Nelly (au Sommail) nous avait obtenu la possibilité d'être accueillis sur la commune de Saint Marcel d'Aude, et, d'autre part, nous étions contactés par un adjoint au Maire de la commune de Trèbes pour y jouer début juillet... Enfin ! Le ciel s'éclairait, et des jours meilleurs s'annonçaient. Malheureusement, le début du mois de juin fût plutôt la période de toutes les tempêtes, déceptions et désillusions. Saint Marcel d' Aude nous rappela durant notre série à Limoux, comme nous étions très occupés Xavier promit de rappeler, ce qu'il fît quelques jours plus tard. Le responsable en ligne lui annonça que la commune ne pourrait nous fournir un accès électrique, Saint Marcel nous demandait donc d'être en autonomie totale pour pouvoir jouer, ce qui nous est absolument impossible (notre groupe électrogène ne peut supporter les nuances subtiles de l'éclairage scénique). Tant pis, nous ne serions pas à Saint Marcel, cela nous décevait tout à la fois pour notre petite compagnie mais aussi bien sûr pour la maman de Nelly qui s'était tant mobilisée pour nous... Comme les soucis viennent en général par poignée, Trèbes nous offrit, une fois de plus, l'occasion de nous confronter de plein fouet à des questions qui dérangent et à la question qui me taraude depuis un certain temps déjà : Faut-il parler ou bien se taire ? Il semble que je prenne le chemin risqué de la parole (après tout, certains m'ayant entendu à la criée ne me contrediront pas sur ce point : j'ai une voix, autant m'en servir !). Je pense même essayer de m'en servir de plus en plus. Ne dit- on pas que je suis une emmerdeuse ?

Xavier s'était rendu quelques temps plutôt, au rendez-vous fixé avec l' adjoint au Maire de la commune pour discuter avec lui des diverses conditions de notre accueil sur Trèbes. L'entrevue avait pour objet précis de déterminer les dates et heures de nos représentations, les emplacements possibles pour le convoi, l'accès à l'eau et à l'électricité. Cela durera deux heures avec un Monsieur X charmant, ouvert et pleinement enthousiaste. Fin de l'entrevue il est donc convenu que nous arriverons le 2 juillet, la commune aura placé pour nous les enrochements nécessaires à l' haubanage de notre structure et, après ce qui nous est présenté comme une dernière formalité (l'engagement devra être validé par une autre personne sur la commune), Xavier quitte le Monsieur. Il revient aux roulottes, note les dates convenues dans notre agenda et dort sur ses deux oreilles avec l'assurance de pouvoir démarrer un travail de démarchage auprès des commerçants sur Trèbes avec, en plus, le soutien chaleureux de l'équipe communale (Wouawww!!!). Si juin s'annonce maussade, juillet sera doux. Le rêve fût de courte durée...

Quelques temps plus tard, alors que nous sommes en plein jeu à Limoux, consultant ses emails, Xavier constate que la commune nous a envoyé un message nous demandant de nous y rendre une fois de plus, afin de « valider un éventuel engagement » et d'y rencontrer Madame Y « adjointe au Maire". Xavier, légèrement irrité, répond par voie de mail qu'il est ennuyeux pour nous de nous déplacer encore une fois (frais d'essence, perte de temps, et emploi du temps chargé par nos dates de jeu sur Limoux que nous devons assurer), il précise aussi qu'il s'inquiète de la formule floue concernant notre engagement et ajoute que pour nous l'engagement était assuré puisque tout les problèmes avaient été supervisés au préalable et la validation des accords avait été présentée comme une « simple formalité ». Bref, décidément tenace et patient (et puis avons-nous réellement le choix ?), il convient par téléphone d'un deuxième rendez-vous avec la Mairie de Trèbes. Arrivant sur les lieux, il constate avec stupeur qu'il est reçu dans le même bureau, par deux autres personnes de la commune, (comme la première fois) il occupe exactement la même place, mais que d'emblée la dame lui annonce qu'il ne sera pas possible de rester deux semaines comme cela fût convenu, mais qu'il nous faudra réduire notre calendrier sur une semaine, de plus, elle signale que nous devrons payer un droit d'occupation du sol arguant dans la foulée devant un Xavier fulminant mais contenu : « Vous savez, beaucoup d'artistes payent pour avoir le droit de jouer chez nous !... », elle ajoute sans se départir « vous demandez l'électricité pour jouer, il faudra donc payer un forfait électrique... ». Xavier indigné lui signale que rien de tout cela ne lui avait été annoncé dans les accords passés au préalable, il ajoute piégé : « De combien est le forfait ? ». La dame alors rajoute sans ciller : « Vous savez ce que vous faites c'est de la vente, vous êtes l'égal du pizzaïolo qui s'installe pour vendre ses pizzas, le forfait réclamé sera donc le même que n'importe quel commerçant souhaitant vendre ses produits sur Trèbes ». Nous voilà donc vendeurs de pizzas. Quant à l'emplacement prévu ? « Pas bon ! » : Il faut trouver un autre endroit...

Création artistico-poétique d'une" pizza roulotte" par Jean-Mi à Limoux...
Xavier tentera en colère, de lui expliquer les multiples conséquences que ces nouvelles contraintes peuvent avoir sur notre saison, il rappelle indigné face à si peu de considération, les accords préalables passés avec Monsieur X. La dame se dégage de toutes responsabilités et précise que le Monsieur en question n'avait pas les compétences pour prendre de telles décisions, et que, n'étant pas responsable des engagements de Monsieur X, ce n'est pas la peine de s'énerver sur elle. (L' irresponsabilité n'est-elle pas le rempart confortable de l'incompétence ?). Xavier, face à si peu de considération, explique à la dame qui possède « les clés du service animation », qu'il est assez assommant d'avoir affaire à l'inertie, le désintérêt, l'incompétence récurrente du personnel de mairie, que le métier d'artiste est déjà suffisamment difficile que pour y ajouter les résistances et le désintérêt inquiétant des gens au pouvoir, il ironise en ajoutant qu'il ne pouvait savoir que le Monsieur qui l'avait contacté était sans doute « un vagabond pris au hasard dans la rue » et qu'il avait erronément pensé qu'il s'agissait bien d'un adjoint au Maire ayant donc toutes les compétences requises. Là dessus, la « dame qui avait plus de pouvoir que le vagabond pris au hasard » salua Xavier, et sans autre forme de procès, lui proposa de soumettre de nouvelles dates et promettait de rappeler le mercredi suivant. Xavier cynique conclut : « Vous savez, si je ne harcelais pas les mairies, mes demandes seraient toutes à la poubelle, c'est d'ailleurs la première fois qu'un adjoint me rappelle de lui-même, enthousiaste de nous voir venir sur la commune... ». Elle quitte Xavier en ajoutant pleine de suffisance : « Ah ! Nous ici à Trèbes, on rappelle toujours !!! » (Entendez par là : nous sommes d'une efficacité imparable). Eh ! Ben voyons... A défaut d'avoir les compétences, y' en a qui ont vraiment le culot !...

Depuis cette entrevue, voici maintenant 10 jours que nous attendons encore l'appel de la dame compétente « chargée de l'animation sur la commune de Trèbes » qui avait juré, bravache, qu'à Trèbes « ils rappelaient toujours ! » (Nous aurions du avoir l"appel téléphonique il y a cinq jours)... Ceci explique cet article qui arrive tardivement, car j'attendais ce dernier coup de téléphone pour l'écrire...

Alors, sachez Madame, que dans l'attente et l'ennui de votre coup de téléphone, me souvenant que ne possédant pas les clés de « l' animation », me souvenant que n' étant pas « vagabonde », mais me souvenant qu' étant artiste (ceci dit ma condition s'approche de plus en plus de celle des vagabonds), je me disais que je n'avais sans doute pas à souffrir des mêmes maux que ceux atteignant certains fonctionnaires de mairies ; l'attente, l'irresponsabilité, l'absence d'engagement, l'inertie et, l'absence de considération...


En effet, mon pouvoir à moi, Madame, réside sans doute dans ma liberté d'expression, et, après tout, ce qui me rend malade moi, c'est l'attente et l'inertie quand il y a pourtant tant de travail à accomplir. Alors donc, ne voyant rien venir de votre part, contrairement à vos promesses, et malgré votre culot qui cache mal vos incompétences pourtant payées, j'ai pris la décision sans attendre de poster mon article, car sachez que moi, j' ai autre chose à faire qu'attendre et y' a pas grand monde qui me paye pour le faire !... ( Il est vrai que je n' avais pas compris que les artistes devaient d'abord payer pour travailler). Merci, Madame, de m'avoir mise au courant de cette pratique étrange et sachez que nous avons pris la décision sans attendre votre coup de téléphone de ne pas nous produire sur Trèbes, après tout, vu le peu de considération que vous  montrez, cela ne devrait pas trop vous déranger. Qu'à Trèbes, les consommateurs de pizzas cherchent donc un autre fournisseur et s'ils en ont le courage, qu'ils se déplacent jusqu'à Limoux, car à Limoux, il y a toujours Jean-Mi qui fait les meilleures pizzas du monde avec cœur et talent,... Un artiste quoi !

Heureusement que les amis pizzaïolo nous soutiennent grâce à leur générosité... Merci Jean-Mi!!!