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L'entrée du Domaine. J'y crois pas, c'est chez nous! |
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Les roulottes installées sur l'esplanade centrale du Domaine |
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Une partie des maisons de vendangeurs du Domaine |
Ça y est nous sommes installés au Domaine d’Oustric à
Couffoulens. Comme son nom l’indique Couffoulens est un petit village situé au
confluent du Lauquet et de l’Aude, non loin de Carcassonne, au sud, à un peu
moins de 10 kilomètres,
sur la route allant vers Saint Hilaire. Nous avons quitté le Domaine de Gaure
début du mois d’Août. Après avoir déménagé nos roulottes, nous nous somme
attaqué à la maison que nous occuperons le temps des travaux. Car le Domaine
d’Oustric est un grand projet. Il s’agit de transformer ce Domaine de plusieurs
bâtiments en un petit hameau de onze habitations, notre lieu y compris. C’est
pourquoi, actuellement, nous occupons une de ces maisons en attendant que la cave
viticole que nous investirons définitivement soit transformée. La cave qui nous
est destinée est construite sur deux niveaux de chacun 200 mètres carrés.
La partie haute sera réservée au logement et la partie basse au travail (studio
musique, loges et salle de répétition). Il nous faudra probablement attendre 2
années minimum pour pouvoir l’intégrer. En attendant…
Il nous a fallu 3 jours pour quitter nos roulottes une fois
que la maison fût prête (travail de nettoyage intensif, remise à neuf des
peintures, réparation de meubles trouvés afin de meubler la surface de 200 mètres carrés).
Pas facile quand on vient de 14 mètres carrés avec meubles intégrés !
Nos enfants avaient tous hâte de rentrer dans cette maison où chacun y avait sa
chambre, il n’y avait que nous (Xavier et moi) pour traîner de la patte… C’est
dur de quitter des roulottes…, une page se tourne. Une page de notre vie qui
fût si dense, éprouvante parfois, mais si riche d’expériences.
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Le tas de déchets attendant d'aller à la déchetterie |
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L'aile complète des maisons de vendangeurs, tout au bout et non visible sur la photo: la cave que nous occuperons. |
L’enjeu était pour nous de terminer de nettoyer la maison
avant que nos enfants reviennent de leurs vacances chez les grands-parents en
Belgique. Découvrant cette maison que j’avais jusqu’à lors à peine entrevue, je
restai pétrifiée, main sur la poignée, découvrant l’état de « squat » de la demeure abandonnée.
Des toiles d’araignée partout avec leurs araignées respectives, des poignées de
portes collantes, des éviers dégueulasses et collants aussi, de la moquette
crade à l’étage, des nids de guêpes à tout les volets, une puanteur de vinasse
et mégots de cigarette dans chaque pièce. Bref, nous avons investi le premier
« Brico » du coin, et nous sommes ressortis avec quelques litres de
peintures, des gants malpa roses, du Saint Marc (il fallait bien l’intervention
d’un Saint !), du papier à poncer, de la pâte à bois et une bonne dose de
courage…
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Vue des bâtiments côté nord |
Trois semaines plus tard, les enfants revenaient, la maison
était « clean » et prête à être investie. Les enfants ont fait
« whouaw ! », nous on a fait « ouf ! » et,
pressés, ils nous ont demandé d’y mettre leurs matelas, leurs objets
personnels, leurs vêtements… Bref, nous avions réussi, ne restait plus qu’à
emménager, décorer, faire les courses de la rentrée scolaire, car une semaine
plus tard la rentrée démarrait déjà.
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Vue de notre future cave côté nord |
Cette rentrée fût assez éprouvante. Ysaline notre aînée
découvrait l’univers du lycée avec bien sûr ses injustices, ses absurdités et
sa bêtise. Il a fallu écouter tous les soirs le récit de sa journée une fois de
plus, pénible… Heureusement, elle poursuivait sa formation à la Fabrique des
Arts en piano et chant et cela l’aidait à tenir le coup. Les deux du milieu,
Mado et Gaspard, étaient quant à eux, un peu mieux rôdés… Erwenn, lui, montrait
de plus en plus de difficulté à se rendre à l’école, il exprimait son ennui et
disait ne rien trop comprendre au travail demandé…ça tombait bien, comme c’est
demandé en Occitan (la Calandretta étant une école en immersion occitane), nous
non plus on n’y comprenait rien !
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Le pigeonnier qui servira dans un premier temps de studio musique et ensuite de gîte pour mes beaux-parents |
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Oh! Une cuisine aussi grande qu'une roulotte! |
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Et qu'elle est jolie la cuisine...! |
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Une salle à manger comme dans les châteaux! |
Reste à faire, maintenant que tout ce petit monde est éclaté
dans ses parcelles d’aventure personnelles, le ménage de 200 mètres carrés, des rideaux pour chaque fenêtre, l'entretien des allées, la réparation d'une des chasses d'eau, la lessive pour 6 personnes, les allers-retours de chacun à la Fabrique des
Arts (car, dieu merci, l’école, c’est pas l’tout !), Gaspard fait de la
batterie, Mado de la Danse, Ysaline du piano et chant, Xavier du chant, et
moi-même du violon, (ça en fait des allers-retours), Erwenn est sur liste
d’attente pour la guitare électrique il veut jouer du ACDC, il trépigne, les
courses de la semaine, le nettoyage et les chantiers de réparation sur nos
roulottes, les devoirs des enfants quand ils rentrent, les dossiers de demandes
de subsides pour la compagnie du Contoir Déambulatoire pour une nouvelle
création, nouvelle création qu’il faut imaginer et faire bien sûr, l’amende à
payer de 90 euros pour non marquage du stop à du 2 kilomètres à l’heure
(c’est pas une blague), les papiers à ranger, la citerne de gaz à faire remplir
en vue de l’hiver qui approche (la maison possède le chauffage et l’eau chaude
au gaz), l’orthodontiste à aller voir avant les quatorze ans des enfants ou
sinon ce n’est plus remboursé par la sécu et dans ce cas là on se retrouve avec
les dents pourries ou pire à 46 ans comme moi, aller voir le dentiste pour moi
justement, téléphoner au médecin pour faire des ordonnances qui permettent à ma
fille de s’hydrater à la demande et de se rendre aux toilettes quand elle le
souhaite (au lycée c’est interdit), faire pipi parce que moi j’y ai droit mais
j’oublie,…
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Toute la maison est baignée de lumière... |
...
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Notre incroyable salon. |
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Même la porte s'est mise sur son 31...
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Quand on avait fini de jouer, les gens venaient nous voir et certains me
posaient cette question qui revenait régulièrement : « Quel courage
ce que vous faites, et en plus avec quatre enfants !… Mais… comment vous
faites ? ». Je ne savais que répondre, il ne s’agissait sans doute
pas de courage mais d’envie. Aujourd’hui, même si je bénis le ciel de m’avoir
donné ce lieu magnifique pour y mettre tout ce petit monde à l’abri et permettre
à chacun de continuer sa route, je comprends mieux cette question. Pour ces
gens qui me questionnaient, le fait de vivre en roulotte et la difficulté que
cela supposait venait probablement s’ajouter à la longue liste des multiples
choses absurdes qu’il leurs fallait faire dans un monde régit selon les lois de
la sédentarité et de la rentabilité la plus outrancière… Pour moi, ce monde là
était désormais un monde parallèle, avec lequel nous interagissions selon nos
propres règles et nos propres rythmes, nous étions libres…
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L'escalier qui monte à l'étage des chambres |
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La chambre de Gaspard, à côté de celle d'Ysaline |
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Notre bureau |
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Notre chambre |
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La chambre d'Erwenn |
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La chambre de Mado |
Pourrons- nous
construire et préserver encore cette liberté dès lors que nous sommes revenus à
la sédentarité et aux rythmes fous qui la sous-tendent ? Aurons- nous encore
le temps et l’envie de rêver fort et haut, assez haut pour propager nos graines
et insuffler parfois l’espoir ? Gageons que ce nouveau lieu, le nôtre, soit une belle pépinière de rêves, il se nommera "la p'tite fabrique du Contoir".
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Partout, invitant à la promenade, les vignes s'étendent autour du Domaine d'Oustric |