La note de l'écrivain

Le rêve c'est bien, mais la réalité est plus nuancée, plus complexe, terreau du meilleur parfois du pire. L'histoire humaine est jalonnée de rêves aux allures de cauchemars..

Le voyage que notre famille entreprend permet sans nul doute d'être témoins privilégiés de faits souvent ignorés ou mal évalués. Quand on vit, comme le plus grand nombre, abrité par quatre murs et un toit, on a parfois peur mais on suppose que le danger ne passera pas la porte, préférant regarder par la lorgnette (le petit écran) ce qui se passe au-dehors. Le danger n'est pourtant pas dans la réalité, mais dans le fait de ne pas vouloir la voir, où d' en nier une partie, car elle n'est ni bonne ni mauvaise, elle est ce qu'elle est.

Notre gazette s'invite dans vos boudoirs chaleureux, petit moment de pause, réflexions, idées, impulsions et initiatives pour que résolument attentifs, nous nous souvenions que notre humanité tient dans notre faculté à rêver et notre capacité à transformer nos rêves en réalité. Pour le meilleur et le meilleur!

jeudi 19 novembre 2015

Boum... quand notre cœur fait boum!


Il y a des jours qui nous feraient presque croire aux superstitions les plus ridicules : vendredi 13 ! Il fallait le faire, et ils l'ont fait ! Le cœur de Paris a fait  "boum » et avec lui, quelque chose en moi s'est à nouveau fissuré... Le cœur voulait faire la fête mais finalement il y a renoncé. Tout en morceaux qu'il était, il préférait rester chez soi, rester en soi, avec les siens, les plus proches, ceux qui ont le don par un seul de leur regard de vous redonner la vie.

La vie par opposition à la mort, la mort infligée comme « solution finale ». Quoi de moins original ! Le monde actuel n'avait-il rien d'autre à proposer que solutions et réponses ? Les religions, la médecine, l'enseignement, pouvaient-ils encore offrir autre chose que réponses, certitudes et dogmes ? Etions-nous encore capables de nous entendre, de nous comprendre, de nous écouter sans jugement? J'avais, les jours qui précédaient ce jour funeste, l'impression étrange que nous étions trop pleins de nos convictions, de nos certitudes et que nos égos, assoiffés toujours, jamais satisfaits, engrossis mais jamais repus, étouffaient sans relâche un coeur qui au départ n'était pourtant qu'ouverture...

Ah ! Le paradoxe de la réponse ! Nous vivions à l'heure de la réponse et de l'intime conviction ! Nous vivions à l'heure des réformes et des programmes, des nouvelles découvertes, des nouvelles technologies, des nouvelles communications, pour certains mêmes, nous étions à l'orée d'un monde nouveau, et, l'air ravi, ses disciples tentaient de nous convaincre que celui-ci allait enfin apporter toutes les réponses... Pourtant aujourd'hui dans nos  "démocraties » on ne se privait toujours pas d'exclure, de bannir, d'insulter, de corrompre, de tricher, mais on le faisait sous l'apparence de l'égalité, de la fraternité et de la liberté. Ce monde était plein de biens pensants, con-vaincus d' avoir les bonnes réponses, crétins joyeux d'un monde plus libre (confondant « la liberté » avec « leur liberté »). Abrutis, qui à la moindre contrariété se levaient d'un bond pour lapider, jeter la pierre, condamner et bannir. Non, décidémment le monde n'était pas nouveau, il ne le serait jamais. Inutile d'attendre un monde nouveau; l'histoire qui se déroulait, se déroulait suivant la logique implaccable des causes et des effets... Ce qui s'est passé vendredi 13 n'était que l'effet catastrophique de causes engagées depuis le début de l'humanité. Ceux que nous appellions à juste titre « barbares » n'étaient que les innombrables verrues sur nos faces blanchies et poudrées de nos démocraties malades.

Des réponses, mon dieu ! Depuis que j'étais née, j'en avais reçu des paquets ! A la maison des réponses, à l'école des réponses, dans les livres des réponses, à l'église des réponses, et à chaque nouvelle réponse mon coeur se rétrécicait. Une porte se refermait doucement sur un jardin dont, un moment furtif, j'avais entrevu l'étendue infinie. Petite, mon coeur était à la taille de ce jardin et puis il a fallu grandir et s'élever dans un monde qui ne semblait pouvoir offrir autre chose qu'un simple bouquet de fleur (souvent artificielles) donné furtivement dans la cage d'ascenceur d'un immeuble haut et propret, où à chaque nouveau pallier, derrière la grille fermée de ce coeur- ascenceur, défilaient une série de portes numérotées et... fermées.

Les questions ouvrent, les réponses ferment... C'est assez triste mais c'est ainsi. Nous en sommes là, on se retrouve seul, derrière la porte blindée de nos certitudes et l'on guette par le judas l'arrivée potentielle d'un traitre. L'on ne songe pas une seconde qu'en posant les verrous sur la porte de nos maisons- prisons l'on s'est fait soi-même traitre...de nos coeurs. Pourrons-nous un jour retrouver la liberté de courir dans nos jardins immenses et surprenants, de nous y promener seul ou accompagné? Y aurait-il aujourd'hui un lieu, un espace susceptible d'ouvrir aux questions ?

Oui ! Je m'y suis promenée peu avant cette tragique débacle. Je vais vous parler de vrais « barbares » car j'en connais personnellement... Ceux-ci ne sont pas voilés, au contraire ils se dévoient (parfois jusqu'à la nudité), ils sont artistes, artistes de scène. Ils représentent tout ce que j'aime chez l'artiste : ils sont fragiles et ne s'en cachent pas, ils sont inventifs, ils peuvent plonger dans le grave autant que dans le rire, ils sont debouts terriblement vivants et ils posent des questions auxquelles ils ne cherchent pas à apporter de réponses. Bref, ils sont « philosophes »... Comme quoi, il est possible d'être spirituel sans s'engluer dans la religion. Il est aussi possible, quand les coeurs sont ouverts, d'être barbare sans sombrer dans la barbarie. Ce sont de beaux artistes généreux, ils m'ont offert, un moment, une porte ouverte sur cet autre monde, celui-de l'imaginaire, comme un miroir à ce monde trop dense. Ils m'ont rappelée à la nécessité de rester libre et créateur. Ils m'ont invitée à m'armer... de courage, de passion, d'une furieuse envie de vivre et dans le vacarme de ce monde même s'il n'est pas facile d'entendre l'harmonie, de me souvenir, plus que jamais, que le devoir de l'artiste est de s'armer de la plus grande détermination pour y arriver. Donc, si votre coeur explosé a envie de faire « boum » mais, cette fois-ci, pour battre à l'unisson d'autres coeurs, je vous invite à découvrir l'univers de la Compagnie « les philosophes barbares » avec « Monsieur Jules », spectacle familial et « La chair périssable », spectacle à partir de 11 ans.

Pour ma part, c'est clair, pas de réponse, pas de solution à ce monde... Juste une respiration, un bol d'air dans le souffle des mots, dans la poésie, dans la musique de nos âmes, une pause, un répis dans la folie qui n'en finit plus de s'étaler... Pauvres fous que nous sommes, convaincus de ne pas l'être ! Le monde entier qui hurle ne pas être fou... Mais chut !... J'entends quelque chose... Comme un p'tit air de rien qui fredonne dans ma tête, un p'tit air de rien qui fait du bien... Chut... Ecoutez... ça fait... Boum... quand notre coeur fait boum, tout avec lui dit boum, et c'est l'amour qui s'éveille... Boum... Quand notre coeur fait boum...